J’ai été amené à considérer que ce même phénomène entre aussi en jeu dans mes yeux ouverts, par la pupille, pour venir projeter le monde à l’envers sur ma rétine. Mon cerveau a appris à le voir à l’endroit depuis bien longtemps. Évidemment, ce même phénomène est encore à l’oeuvre dans mon appareil photographique : il capte cette image qui s’est renversée en lui, et il la redresse pour m’en montrer l’esquisse. Ainsi, il y a trois mises en abyme de ce phénomène dans ces créations que j’affectionne, soit une de plus que dans une photo ordinaire où il n’y en a que deux.

Si dans les habitations communes qui font face à des vestiges historiques, c’est ce patrimoine qui se projette à l’intérieur à travers le sténopé de la camera obscura, au Château d’Espeyran c’est le contraire. Car là le patrimoine est à l’intérieur, chaque pièce a été richement meublée et décorée par une succession de propriétaires au fil du temps. Alors, ici la nature semble reprendre ses droits. Arbres et plantes tirent leur vie de la terre et se nourrissent de la lumière du soleil, puis ils en réfléchissent les particules portant leurs propres formes, matières et couleurs qui viennent se renverser à l’intérieur, dans l’obscurité. Leur rencontre avec cet héritage historique qui les absorbe, nous émerveille et en  impose la poésie et l’image à nos yeux, à notre esprit… et à ma caméra photographique.

Claude Martin-Rainaud

obscurecameras.net

Biographie de Claude Martin-Rainaud

Né en 1943 à Arles, ville où aujourd’hui il vit et exerce le plus souvent. Dans son enfance arlésienne, fasciné, il a découvert le «phénomène de la camera obscura» que personne ne voyait dans son entourage, ainsi que son inquiétante étrangeté. Par un trou fortuit, l’image de la perspective extérieure se projetait faible et renversée dans sa chambre d’été, sur les murs, le plafond, le sol, les meubles, la décoration rudimentaire et lui-même.
Enfant, il a appris à installer ce phénomène optique, et l’a pratiqué comme un jeu secret, un cinéma naturel magique, loin des railleries de son entourage qui ne pouvait le percevoir. Puis, pour résoudre les difficultés apparues en tentant de photographier ces images
insaisissables dans l’obscurité, il s’est donné les moyens d’aller étudier à Paris la prise de vue cinématographique à l’École Nationale Louis Lumière (ENSPC).
Dès 1966, en Amérique Latine, en Afrique, en Asie, et en Europe, il a pratiqué et enseigné les arts et techniques du cinéma, puis de la vidéo et du multimédia, Exerçant au Laboratoire Audiovisuel du Conservatoire National des Arts et Métiers, de 1976 jusqu’en 1983, il commence à utiliser des images numériques et entreprend une veille technologique, convaincu que ce sera la solution idéale pour photographier ses chambres obscures.
Ensuite, il enseigne à l’École Européenne Supérieure des Arts et Technologies de l’Image (EESATI) ouverte aux Beaux-Arts de Poitiers, de 1986 à 1988, avant sa fusion avec l’EESI d’Angoulême. Suite à différentes missions, il a développé des compétences et une expertise innovante. Il a été appelé à collaborer avec des organisations internationales de 1989 à 2005 pour concevoir et diriger des projets, concernant la conception de systèmes de formation multimédia et le développement de plateformes de formation en ligne.
Depuis vingt ans, revenu à ses rêves premiers, partout où il peut il installe des chambres obscures et les photographie avec ses outils numériques si longtemps attendus. Il étudie la camera obscura, effectue des recherches passionnément et soutient une thèse de doctorat.

Études

2013-15 : Doctorat en Art et Histoire de l’Art, «Dans le regard de la chambre»
(Université d’Avignon). Félicitations du Jury. https://theses.hal.science/tel-01248530
2012-13 : Doctorat commencé à l’Université Ca’ Foscari de Venise, avec une recherche sur
«L’utilisation de ‘l’appareil camera obscura’ par les peintres flamands et vénitiens».
2011-12 : Master 2 en Philosophie, Esthétique et Psychanalyse, (Université de Montpellier)
Mémoire présenté: «La voûte dans la Grèce Antique, archétype de la camera obscura?»
2007-08 : Master 2 en Sciences de l’éducation, (Université Aix-Marseille, Lambesc, VAE)
1984 : Séminaire Images numériques, (EHESS, Marseille)
1964-66 : Niveau BTS Cinéma, ENSPC (Louis Lumière, rue de Vaugirard, Paris)
1962-64 : Niveau propédeutique Math-Physique-Chimie, (Université de Grenoble)
1962 : Baccalauréat Mathématiques et Technologies, (Lycée Pasquet, Arles)

Principales présentations

2023 : Résidence, installations et exposition au Château d’Espeyran (Saint-Gilles-du-Gard)
2023 : Installation et exposition : ‘Chambres obscures Arlésiennes’
à l’Église-Saint-Pierre-des-Mouleyrès (Arles) https://rb.gy/in3ds
2023 : Installations, Centre d’art contemporain «3bisF» (Aix-en-Provence)
2022 : Exposition, Galerie de l’hôtel Calendal (Arles)
2021 : Installation et exposition, Galerie ‘Le vent se lève’ (Sète)
2021 : Installation et exposition, Parc Saint Priest, (Aix-en-Provence)
2020 : Installation et exposition, Galerie Tabarka le Lez (Montpellier)
2019 : Installation et exposition, Rencontres de la photographie (Arles)
https://www.rencontres-arles.com/fr/expositions/view/788/claude-martin-rainaud
2019 : Exposition, Mairie du cinquième arrondissement (Paris)
2019 : Exposition et Conférence, Galerie ‘Archa des Carmes’ (Arles)
2017 : Exposition, Espace Van Gogh (Arles)
2016-2017 : Installation, Museo del Precinema (Padoue) https://rb.gy/99o8q
2015 : Exposition, Librairie ‘Les Genêts d’or’ (Avignon)
2015 : Exposition, Université d’Avignon
2015 : Exposition, Maison de l’Europe et de la Vie Associative (Cassis)
2014 : Exposition et Conférence, Galerie La Volta (Saint-Sériès)
2013 : Installation, Centro Studi e Documentazione della Cultura Armena (Venise)
2013 : Installations et exposition, Université Ca’Foscari (Venise)
2012 : Installations et photographies dans le cadre d’un atelier d’art-thérapie avec les
patients, exposition, Hôpital psychiatrique de Montfavet (Avignon)
2012 : Exposition, Université Paul Valéry (Montpellier)
2011 : Exposition, Galerie Atelier Cinq (Arles)