Château d'Espeyran

Résidences d’artistes

Depuis 2010, le château d’Espeyran à Saint-Gilles géré par le Centre National du Microfilm et de la Numérisation (CNMN), accueille des artistes en résidence, grâce au soutien de la Direction régionale des affaires culturelles Occitanie (Drac) et en collaboration avec l’association Curiositez.
Les résidences sont conçues comme des projets de recherche, à la fois théoriques et appliqués, sur le domaine, son histoire, ses patrimoines (matériel et immatériel) ainsi que les enjeux de transitions écologiques liés au respect du vivant et inscrits au cœur de son projet scientifique, culturel et éducatif.
Le ou la résident (e) est invité(e) à poursuivre ses recherches personnelles de création, tout en les croisant avec le contexte du domaine. Le projet vise ainsi à proposer un regard nouveau – voire inattendu – et une approche singulière du ou des lieux, comprenant à la fois un château et ses communs du XIXe siècle, un centre de conservation d’archives et un parc paysager.
Les résidences sont ouvertes aux artistes professionnels, tous domaines confondus, engagés dans un processus actuel de création.
Les résidences depuis 2010 sont variées : si les arts plastiques ont été mis à l’honneur avec Pierre Bendine Boucar (2010 et 2011) et Anna Baranek (2012), Nicolas Lebrun a développé les arts numériques en 2013, Clara Le Picard a travaillé sur le théâtre autour du personnage d’Emma Bovary (2015), Anaïs Armelle Guiraud s’est consacrée à la photographie (2015), Jimmy Richer à la sculpture (2015), Colin G. aux installations plastiques (2017) et Linh N’Guyen Jay à la vidéo (2018). En 2019, les arts de la table seront mis à l’honneur.

 Résidences 2024

Thilbault FRANC

Thibault Franc est un artiste français né à Bordeaux en 1976.
Après des études de philosophie, Thibault Franc s’est tourné vers les arts plastiques : ses travaux vont de la représentation réaliste ou expressive à la transformation d’objets.
A l’occasion de sa résidence « Le ciel des idées » au Château d’Espeyran (fin février, début mars 2024), Thibault Franc présente trois sculptures de nichoirs, des « ponts entre Nature et Culture » …
« Reprenant une anecdote ancienne, Platon proposait pour tenter de définir l’homme de le considérer comme un animal domesticable, bipède et sans plumes, cette dernière précision afin de le distinguer des oiseaux. Plus tard, afin de rire de cette définition problématique, Diogène le Cynique se promènera dans les rues en brandissant un coq plumé. Mais il reste que dans le domaine des idées, l’homme et l’oiseau constituent le dernier embranchement d’un raisonnement sophistique. Cette parenté partielle, inspirante, nous poursuit : intelligence disproportionnée par rapport à la taille du cerveau, parades, chants parfois de pur plaisir, et baiser sur la bouche. Et cette capacité à s’élever vers le ciel, peut-être même le ciel des Idées platoniciennes ?
A l’inverse, la consommation à outrance a fait venir de Chine des feuilles d’acier Corten à la patine rouillée décorative, des clichés minces, la durabilité du métal fiché dans un arbre, contre la vanité d’images sans profondeur : rouges-gorges, merles, mésanges, des sentinelles figées pour jardin de banlieues à la biodiversité enfuie. Ayant eu besoin moi-même de travailler l’acier Corten pour faire surgir du dessin en extérieur, j’ai eu envie de revisiter ces formes découpées en les investissant d’un foisonnement d’idées. L’oiseau devient le prétexte d’une dentelle de vides et de pleins, de citations, de mises en abyme, de relations. Non plus la forme morte et mignonne d’un seul vivant absent, pour dynamiser une pelouse entre deux pulvérisations biocides, mais un écosystème de pensées flottantes, de liens, pour symboliser autre chose qu’un individu même animal.
Les trois nichoirs correspondent à une pratique plus ancienne dans mon travail, celle d’assembler des objets ou de leur redonner une fonction constructive, de bricoler un texte à l’aide de fragments de mots, sous forme d’abris potentiels, pour des oiseaux vivants ou pour des idées, des fantasmes, des formes de pensée là encore. La vidéo explore de façon détaillée ces espèces d’espaces. On retrouvera le même processus dans les dessins, soit qu’il s’agisse d’utiliser les moyens du bord, de les retourner, tampons administratifs par exemple, ou œuvres pré-existantes ; soit que j’assiste à l’interpénétration de deux objets de pensée, de deux œuvres, de deux langages. A chaque fois c’est l’observation d’une mutation, d’un croisement et d’un chevauchement, avec la curiosité de savoir si ça vit, et si ça peut transmettre la vie.
Le ciel des idées, c’est donc l’installation multiforme ici au Château d’Espeyran, de lâchers d’oiseaux, de libérations de cosa mentale, des réintroductions sauvages, une forme de rewilding rituel, là où toutes les dispositions légales et les efforts écologiques ne suffisent pas toujours à rendre nos imaginaires à la nature. »
Thibault Franc, mai 2024
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Estelle LACOMBE

Deux projets réalisés en résidence artistique au Château d’Espeyran en 2023/2024, résidence pour interroger les pratiques des artistes face au vivant, à la biodiversité des lieux, dans le cadre d’une Obligation Réelle Environnementale (ORE)* signée par le site en 2022 :

 

Grand Pavois (Grand pavois : étendage de pavillons de signalisation maritime)
Faire claquer au vent et au soleil sur la façade sud du château des lés de tissus colorés imprimés d’un motif textile inspiré des toiles de Jouy du 18ème siècle pour pavoiser le château.
Blaireau, mauve des bois, bonnet d’enfant, cruches à eau, chauve-souris, champignons, lampe à huile, micro-organismes … s’hybrident et dialoguent, le parc pénètre dans le Château, le motif Espeyran conte leur rencontre.
En m’imprégnant des lieux, ma première impression a été que la nature se réappropriait le château : des chauves-souris y séjournent, une ruche s’abrite dans un volet … c’est ce que je souhaite illustrer par ce motif textile.
Arbre à vœux
En parallèle, le Sophora Japonica de la grande pelouse du parc devient un arbre à vœux : des cruches à eau en terre sont suspendues à ses branches, elles récoltent des vœux. Chacun peut participer avec sa cruche (même ébréchée) et/ou son vœu, la légende raconte que lorsque la cruche se brisera, le vœu se réalisera …
Une bande son psalmodiant des vœux imaginaires complètera l’installation pour les journées du patrimoine.
Les cruches présentes dans le château et dans le parc poursuivent leur dialogue à travers ces vœux, leur présence sur le motif textile Espeyran le renforce.
Les vœux sont libres mais parleront peut-être de biodiversité ?
Estelle Lacombe

* C’est quoi l’ORE ?


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 Résidences 2023

Sandy OTT

Diplômée de l’ESADTPM de Toulon, Sandy OTT mène son projet MICHRONOS au sein du Château et du Centre National du Microfilm et de la Numérisation. Alors que le Centre du Microfilm fête ses 50 ans cette année, Sandy expérimente des techniques de développement alternatif de microfilms, photographies et films argentiques. Sur le site d’Espeyran, flore et végétaux s’offrent à elle pour expérimenter et trouver des chimies naturelles comme révélateurs, alternatives aux chimies polluantes…

https://sandyott.wordpress.com
https://www.facebook.com/sandy.leonis/
https://www.instagram.com/sandyottdiary/

 

 

Claude Martin-Rainaud

Le ‘phénomène de la camera obscura’ peut se définir ainsi : « Par un trou de dimensions adéquates, dans tout espace obscur, la perspective extérieure qui fait face à ce trou vient se projeter inversée à l’intérieur ». Depuis une série d’expériences précoces, fortuites, répétées et insolites de ce phénomène, je cherche à voir, à comprendre et à montrer comment les lumières, les couleurs et les formes de la nature, du monde et de son histoire, imbibent nos lieux de vie en se renversant à travers un petit trou. J’ai été amené à considérer que ce même phénomène entre aussi en jeu dans mes yeux ouverts, par la pupille, pour venir projeter le monde à l’envers sur ma rétine. Mon cerveau a appris à le voir à l’endroit depuis bien longtemps. Évidemment, ce même phénomène est encore à l’oeuvre dans mon appareil photographique : il capte cette image qui s’est renversée en lui, et il la redresse pour m’en montrer l’esquisse.
Ainsi, il y a trois mises en abyme de ce phénomène dans ces créations que j’affectionne, soit une de plus que dans une photo ordinaire où il n’y en a que deux. Si dans les habitations communes qui font face à des vestiges historiques, c’est ce patrimoine qui se projette à l’intérieur à travers le sténopé de la camera obscura, au Château d’Espeyran c’est le contraire. Car là le patrimoine est à l’intérieur, chaque pièce a été richement meublée et décorée par une succession de propriétaires au fil du temps. Alors, ici la nature semble reprendre ses droits. Arbres et plantes tirent leur vie de la terre et se nourrissent de la lumière du soleil, puis ils en réfléchissent les particules portant leurs propres formes, matières et couleurs qui viennent se renverser à l’intérieur, dans l’obscurité. Leur rencontre avec cet héritage historique qui les absorbe, nous émerveille et en impose la poésie et l’image à nos yeux, à notre esprit… et à ma caméra photographique.

Claude Martin-Rainaud

http://obscurecameras.net/
https://www.facebook.com/claude.martin.rainaud

Linh Jay

Le Paysage Sonore de Linh et Paul-Elie Jay 🐦🎼🦜

Biographie
Née au Vietnam, Linh JAY est venue vivre en France à l’âge de seize ans. Diplômée de l’école des Beaux- arts de Nîmes en 2016, elle continue son parcours artistique en travaillant dans les résidences d’artistes en France et au Vietnam (FRAC-OM, Maison Daura, A.Farm, Villa Saigon…). Avec une démarche transdisciplinaire : vidéo, photographie, installation, la collaboration entre les médiums permet un dialogue pour la construction de ses oeuvres. Linh mène un travail photographique et vidéographique qui trouve ses motifs dans les paysages, les territoires en cours de transformation.
Passionné par l’ornithologie depuis son enfance, Paul-Elie JAY passe du temps à observer et identifier les oiseaux sur le terrain. Après la découverte du baguage des oiseaux à la Réserve Naturelle Nationale de l’Etang de la Mazière, il valide le BTS Gestion et Protection de la Nature au CFPPA de Mirande (2014). Actuellement, il enseigne la natation en tant que éducateur sportif au centre aquatique de Quercy’O à Caussade et poursuit ses recherches dans la bioacoustique.
Martin-pêcheur
En 2016, le montage de ce projet se construit sur les rapports entre images, sons, sous-titres et voix-off. Il est pourtant moins question de l’oiseau que de l’inscription dans un monde d’une multitude de points de vue : la présence du caméraman exprimée par les sous-titres, la présence de l’oiseau dans la bande-son, les gestes et les paroles du chasseur.
L’homme chasseur est à l’affût de l’oiseau et le caméraman à l’affût du chasseur. Le bruit mécanique de la caméra qui filme, le clic-clac de l’appareil photo, les sons saturés du micro, les gros plans sur les portraits, objets, paysages, révèlent la difficulté de concevoir la perception du monde sensible. Il est difficile de percevoir la présence du martin-pêcheur, mais pourtant on le découvre grâce à la bande-son du cri qui apparait sous forme de sonagramme au milieu du film. Ce n’est pas un hasard si quelques années plus tard, l’oeuvre vidéographique 05:40:00-05:43:50 (2021) présente une traduction phonétique des chants d’oiseaux captés juste avant l’aube lors d’une prospection sur les cours de la Rance. Profondément captivée par les enjeux de traduction des chants d’oiseaux, nous proposons au château d’Espeyran un nouveau projet de création, intitulé Paysage sonore.
Paysage sonore
Pendant le printemps 2023, nous allons recueillir les chants et les cris des oiseaux au parc du Château d’Espeyran. Après l’analyse acoustique et la transformation des sons en sonagrammes, nous allons composer une « partition musicale » qui va retranscrire des signes et des traces des sons d’oiseaux. Cette partition sera créée en broderie par différentes techniques artisanales de tissage. Le processus de réalisation entraine la transformation de l’acoustique du vivant vers un dessin numérique, puis du numérique vers une fabrication manuelle. Ce projet artistique s’inscrit dans une démarche scientifique et poétique, en visant la création et la promotion d’une nouvelle image territoriale autour d’actions écologiques et éducatives.

https://www.linh-jay.com/

 Résidences 2022

Julia Maria Lopez Mesa

Vivos!

« À l’heure où les grandes questions écologiques agitent l’industrie du vêtement, je crée des œuvres textiles à partir de matériaux de récupération. Je crée des liens entre vêtements, mémoire et territoire. Dans une œuvre processuelle, les habitants de Saint Gilles sont invités à offrir leurs histoires personnelles en me confiant des vêtements avec une valeur sentimentale. À cet effet, j’ai fait une collecte de tissus et de vêtements, accompagnés d’un récit constituant la matière première pour la création d’une série d’installations. J’ai aussi conçu une œuvre collective avec des élèves de Saint Gilles, ainsi qu’un personnage totem protecteur de la nature. »
Travail réalisé en partenariat avec l’association Curiositez!, merci a toute l’équipe pour son engagement dans ce projet qui nous à amenées loin.
Un remerciement chaleureux à Francois Castelot et à la maison jaune pour la Médiation MJ
https://www.facebook.com/julia.m.mesa/

 Résidences 2018

Linh Jay

Mémoire sans titre

En résidence en 2018 au château, partie pour filmer la Camargue la nuit, Linh Jay sous le coup d’une nouvelle inspiration, s’est retrouvée à réaliser un documentaire sur les gens et leurs activités sur le site du château d’Espeyran. Attirée par la double facette de ce site (Centre du Microfilm et Château), elle filme la vie sur le domaine.
« La vidéo intitulée Mémoire sans-titre tisse le lien entre nous et la terre, entre nous et le regard des animaux, elle questionne sur le travail d’archiviste contemporain, l’humain comme un être de mémoire et de langage. » Linh Jay.

https://www.linh-jay.com/

 Résidences 2017

Vidéo 1/4 : Hermine Fournier

Marilina Prigent

Je vous écrirai avant le printemps

« Les archives du domaine d’Espeyran, ainsi que l’importante collection de correspondances et écrits conservés aux Archives Départementales de l’Hérault, témoignent des échanges réguliers d’un groupe des femmes au XIX siècle. De ces correspondances surgissent leurs voix, une façon discrète d’habiter le monde. Les récits qui habitent l’installation nous amènent à la rencontre d’une mémoire individuelle, la persistance d’un souvenir, qui ne cesse pas d’entrecroiser l’Histoire. Mon travail s’appuie sur la collecte d’archives, lettres, photographies, témoignages oraux que j’intègre à des vidéos et des installations.
Mon travail questionne la construction des récits. Je m’intéresse à la micro-histoire, aux récits de vie et évènements liés à des personnages oubliés, ceux qui échappent à la grande Histoire. Travailler sur les archives me permet de manipuler un réservoir de significations stratifiées, multiples. Permettant par la déconstruction et la réécriture de dévoiler les narrations implicites. Je crée ainsi des espaces pour glisser la fiction. Ma réflexion se porte sur les liens entre documents et histoire passée, dans leur dimension poétique afin d’explorer la notion du temps dans ce que l’on qualifie de mémoire collective. Mes projets vidéo donnent à voir une réalité fragmentaire non-linéaire et polyphonique par la quelle, j’invite le public à une relecture sensible du monde, par une mise en résonance des histoires intimes et historiques.»
Marilina Prigent (diplômée DNAP et DNSEP de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier).

 

https://www.marilinaprigent.com
Vidéo 2/4 : Félicie Durand
Vidéo 3/4 : Claire d’Orgeval
Vidéo 4/4 : Fortunée Sabatier
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